Apprenez à réaliser un dessin en couleur à l’aide des bases de dessin en couleur. Il existe des règles à respecter lorsqu’on souhaite coloriser un dessin.
C’est justement ce que je souhaite vous partager ici à travers les différents articles de ce blog.
Pour commencer l’année, j’ai voulu mettre le pied dans un sujet épineux, mais avant tout passionnant. En effet, peindre ou dessiner en couleur peut sembler à haut risque quand on début, et même pour ceux d’entre vous qui dessinent depuis quelque année déjà.
Dessiner en noir et blanc toute sa vie c’est passer à côté d’une expérience incroyable de mélange et d’émotion.
Effectivement, pour prendre un bon départ, il existe quatre notions importantes à connaitre et à comprendre pour dessiner en couleur.
1-La teinte :
La teinte correspond à la couleur même d’un objet. Si je vous dis : « regardez comment cette bouteille verte est luisante au soleil », le vert correspond à la teinte de votre objet.
Quand vous dites vert kaki, vert émeraude, vert olive… ces appellations représentent en réalité une teinte particulière de vert. Et ce schéma se répète pour chaque couleur primaire et secondaire présent sur la roue chromatique.
A-teinte et valeur :
La teinte seule est dissociable de la notion de valeur, car on pourrait tout à fait choisir une cinquantaine de teintes différentes tout en gardant la même valeur.
Par exemple, quand j’utilise la roue chromatique les couleurs placées sur le bord du cercle correspondent aux différentes teintes colorées qu’on peut utiliser.
Si je passe cette roue chromatique en niveau de gris pour récupérer les valeurs, vous voyez que toutes les teintes ici présentes ont exactement la même valeur (un gris de 50% pour être exact).
On peut finalement comprendre que choisir une teinte ne modifie pas obligatoirement la valeur d’une couleur. Il est donc possible de choisir des teintes différentes possédant la même valeur, mais aussi de choisir des teintes différentes et avoir des valeurs complètement opposées.
B- Teinte et couleur locale :
Je parle souvent dans mes vidéos de couleur locale d’un objet. J’utilise cette notion pour exprimer à la fois la teinte d’un l’objet, mais aussi sa valeur.
Si je reprends l’image des souris d’ordinateur que vous vouliez vous acheter pour votre anniversaire :
Cette image vous montre différents coloris de souris. Différentes teintes avec du vert, du bleu du violet, du rose.
Et quand on transforme cette image en niveau de gris, on constate qu’ils ont non seulement des teintes différentes, mais aussi des valeurs différentes. Ce qu’on vous demande en réalité, c’est de choisir la couleur locale que vous préférez.
Valeur = intensité lumineuse
Teinte = coloris
→Couleur locale = Valeur +Teinte
⇒Remarque : La couleur locale d’un objet s’obtient quand la lumière qui arrive sur cet objet est blanche. C’est pour cela que vous verrez souvent sur amazone ou dans les magazines, des objets photographiés sur fond blanc. De cette manière, la couleur locale de l’objet est au plus prêt de sa (couleur) teinte véritable.
Si vous utilisez un éclairage coloré, la couleur locale de l’objet sera tout de suite modifiée par la couleur même de la source lumineuse.
2-Saturation :
La saturation représente la pureté colorimétrique, mais aussi la vivacité d’une couleur. À quel moment utilise-t-on la saturation des couleurs en dessin ? La réponse est simple, car je dirais tout le temps. Hormis les teintes et les valeurs, qu’on comprend assez facilement, l’utilisation de la saturation est plus difficile à appréhender.
Pour comprendre l’importance de la saturation, je vous propose deux extrêmes :
Sur la première image, les couleurs sont exagérées en saturation. En effet quand on pousse la saturation à l’extrême, on perd rapidement le réalisme des choses et l’image peut devenir rapidement indigeste.
Sur celle du bas, malgré que l’image soit un peu fade et pauvre en saturation, cela reste confortable à l’œil. En réalité quand vous réaliserez vos dessins, il faudra trouver un juste milieu.
⇒Remarque :
♦Si vous souhaitez réaliser des dessins plutôt réalistes (peinture d’après modèle, peinture d’un paysage, concept art pour un film…), votre choix des couleurs penchera certainement plus du côté désaturé que du côté saturé.
Image de Eytan Zana: http://www.artstation.com/artist/eytan
♦Si vous souhaitez réaliser des dessins dans un style plutôt stylisé et fantaisiste, la balance ira un peu plus du côté de la saturation. Mais attention tout de même à éviter les extrêmes.
Image de Maximilian Degen: http://www.artstation.com/artist/maximiliandegen
A- Saturation et gris coloré.
Quand on analyse les images d’Eytan Zana, qui base beaucoup son travail sur de la photo et les couleurs « réaliste », on remarque rapidement l’utilisation majoritaire de gris colorés.
J’utilise le terme « gris coloré » pour parler d’une palette de couleur plutôt proche du gris et donc généralement désaturée.
Sur ces images que je vous ai présentée au-dessus, vous voyez que même s’il utilise une palette très limitée et proche des gris, cela ne change en rien à la puissance de ces couleurs et de son dessin.
Ce qu’il faut retenir c’est que vous n’avez pas besoin d’utiliser des saturations élevées pour créer de la puissance dans vos images.
Voici le rayon d’action que je vous conseil d’utiliser pour des dessins réalistes
♦ – Si je résume en créant une échelle de saturation allant de 0 à 100. 100 étant la saturation extrême et 0 la « désaturation » extrême.
Limitez-vous de 10% à 80% pour du dessin réaliste, tout en privilégiant une moyenne de 30% à 60%.
♦ – Et au contraire pour du dessin stylisé, élargissez votre palette de 5% à 90% en privilégiant une moyenne de 50% à 70%.
Ce constat est relatif et je vous engage bien entendu à briser cette règle pour découvrir de nouveaux horizons. Mais il est plus sage de maitriser les fondamentaux en premier lieu et de briser les règles ensuite.
B – Saturation et valeur :
J’aimerais vous présenter un autre phénomène lié à la saturation, que vous devez absolument prendre en compte.
Si je passe mon « échelle de saturation » (le même d’au début) en niveau de gris, je constate clairement que le changement de saturation modifie aussi la valeur.
Si vous souhaitez donc garder vos valeurs intactes tout en modifiant le degré de saturation d’une couleur, vous allez devoir augmenter ou diminuer la luminosité pour garder intacte la valeur de départ.
Sur cette nouvelle échelle de saturation,on voit clairement que pour garder les valeurs intactes on est obligé de passer par des gris colorés.
Et si je passe cette nouvelle échelle de saturation en noir et blanc regarder le résultat:
3-Valeur :
Pour rappel les valeurs correspondent « aux différentes variations du niveau de gris d’une image, allant du blanc pur au noir pur. Il s’agit donc de toutes les nuances de gris disponibles entre ces deux extrêmes, noir et blanc inclus. »
Je ne vais pas refaire un cours complet sur les valeurs, et c’est pour cela que je vous invite à lire l’article « Les secrets du dessin en noir et blanc » où j’explique le fonctionnement des valeurs plus en détail.
Valeur et couleur :
Je souhaiterais apporter des précisions sur le rapport entre une couleur et une valeur. Il faut bien comprendre que la couleur et la valeur sont intrinsèquement liées. Vous ne pourrez donc pas choisir vos couleurs en dessin sans penser aux valeurs. Comme je l’expliquais dans l’article sur le dessin en noir et blanc, le changement peut exprimer trois choses.
-Rappelez-vous, un changement de valeur peut signifier un changement de forme et cela induira forcément un changement de couleur (plus sombre ou plus lumineux)
-Il peut aussi caractériser un changement d’intensité lumineuse. Cela modifiera automatiquement la couleur. Rappelez-vous des souris d’ordinateur que vous deviez choisir.
-Et enfin, un changement de valeur peut spécifier un changement de profondeur, ce qui aura un double effet sur la couleur.
Le changement de profondeur modifie non seulement la luminosité des couleurs, mais aussi la teinte, car à partir d’une certaine distance, l’éloignement rendra les objets ou les éléments d’un dessin de plus en plus bleu ou de moins en moins saturé. (Quand il fait beau notamment les couleurs vont virer au bleu avec la distance)
Pour conclure sur les valeurs, dites-vous que chaque couleur que vous posez sur votre dessin possède une valeur. Si cette valeur est en décalage avec le reste de votre dessin, votre couleur le sera aussi.
Et d’un autre côté si la valeur de cette couleur s’intègre parfaitement dans votre dessin, alors il y a de fortes chances pour que votre couleur soit la bonne.
Les règles sont faites pour être brisées, mais il serait plus avisé de maitriser les bases en premier.
4-Température des couleurs :
Contrairement aux trois autres notions qu’on vient de voir, la notion de température en peinture est la seule qui n’est pas mesurable. En effet quand on cherche à mesurer le spectre lumineux, la chaleur dégagée par les couleurs est complètement inversée par rapport aux couleurs chaudes qu’on désigne en peinture.
Par exemple le rouge qui est considéré comme une couleur chaude en art est en réalité plus froide que le bleu qui est lui considéré comme représentatif d’une source de chaleur intense en physique.
⇒Que se passe-t-il quand on essaye de mesurer la température des couleurs ?
On peut parfaitement illustrer ce propos avec l’exemple d’une flamme. Plus la flamme sera bleue, plus la température mesurable en degré ou en kelvin sera élevée, et inversement, plus elle sera rouge, moins elle sera chaude.
On connaît tous cette blague du « je passe mon doigt dans la flamme d’une bougie ». Maintenant que vous savez cela, évitez de passer votre doigt dans la partie bleu d’une flamme pour crimpressionner vos amis. 😉
♦ – En peinture et en dessin, la notion de température est complètement à l’opposé de ce principe physique.
Il correspond plutôt à un ressenti visuel qu’on possède face aux différentes couleurs. On utilise pour cela une roue chromatique qu’on va découper en deux parties.
Le violet le bleu et le cyan représentent les couleurs froides, alors que le vert, le jaune et le rouge représentent les couleurs chaudes.
Couleurs et émotions :
En dessin il existe un autre principe important à connaitre c’est la symbolique des couleurs. Là aussi il s’agit d’une approche non mesurable et encore moins palpable de la couleur.
Une grande majorité d’artistes utilisent des palettes restreintes pour réaliser leurs dessins. Ils jouent beaucoup avec la température des couleurs pour communiquer une ambiance ou une atmosphère particulière.
Les tons gris et désaturés sont généralement utilisés pour les scènes de tristesse, ou de malheur. Le rouge exprime la colère ou la vivacité.
On utilise également les couleurs chaudes, pour représenter la joie et le bonheur, ou les couleurs froides pour exprimer la peur, l’angoisse…
Connaissez-vous le principe des « colour script » ?
Les « colour script » sont réalisés avant la production d’un film, afin de déterminer à l’avance les ambiances colorées de celui-ci. Les ambiances sont déterminées en fonction des couleurs et des émotions que les réalisateurs souhaitent procurer aux spectateurs.
L’un des meilleurs exemples qu’on peut facilement citer, c’est le travail de Pixar : http://pixar-animation.weebly.com/colour-script.html
Je vous invite à aller voir et à observer avec attention. Ne réalisez plus vos palettes de couleurs au hasard, mais posez-vous la question – quelles sont les émotions que je souhaite communiquer ?
De la théorie à la pratique :
J’ai réalisé pour vous une scène de nature morte étape par étape pour que vous compreniez l’importance de ces quatre aspects importants du dessin en couleur. C’est un exercice concret à réaliser, qui vous apportera énormément en très peu de temps. Ne vous mettez surtout pas la pression, car l’important c’est d’appliquer pour apprendre.
1-Premièrement je cherche à définir la valeur des objets que je souhaite dessiner. Même si j’ai structuré cet article de cette manière (teinte, saturation, valeur, température), dans la pratique, l’utilisation de ces principes se fait tout à fait autrement.
Je commence donc par placer les valeurs pour définir le plus rapidement possible la couleur locale de chaque objet.
2- Dans un second temps, je définis la teinte de l’objet pour trouver les couleurs locales.
3- Je choisi ensuite, la température de l’éclairage pour pouvoir dessiner les ombres et les lumières sur mon image.
À partir de cette étape, je mets en pratique tout ce qu’on a vu jusqu’à présent dans les articles et les vidéos précédentes. (Gestion des valeurs, ombre et lumière, perspective…)
À votre tour maintenant d’essayer avec la mise en couleur d’objets simples. Puis passez à des scènes plus difficiles à réaliser. Ne vous jetez pas la pierre, car l’apprentissage du dessin en couleur est quelque chose d’extrêmement difficile.
Mais si vous comprenez et que vous êtes déjà en train d’appliquer ce que nous avons vu ensemble aujourd’hui, sachez que vous avez fait un pas de géant.