Comment dessiner en volume

Pour ceux qui souhaitent améliorer leurs dessins et donner une impression de volume à des objets simples, c’est par ici que ça se passe. Pour cela, il faut apprendre le fonctionnement de l’ombre et de la lumière, et rien de mieux qu’une sphère pour vous montrer comment faire.
Pour dessiner en volume, il faut absolument que vous preniez conscience du fonctionnement des valeurs. Sans un travail de valeur, vos dessins paraitront plats et n’auront aucune profondeur.

Si vous ne savez pas ce qu’est une valeur, alors ça tombe bien, car j’ai déjà écrit un article complet sur le sujet. Le voici : « Les secrets du dessin en noir et blanc ».

Outre le fait que les valeurs sont importantes pour donner du relief à un dessin, il existe quatre règles simples, mais essentielles que vous devez absolument connaitre.
Pour apporter du volume et plus de réalisme à une sphère, un cube ou à des éléments plus complexes comme un visage ou un avion, il vous faudra connaitre et maitriser parfaitement ces différentes règles.
C’est évidemment ce que nous allons aborder dans ce nouvel article à travers des applications concrètes et illustrées.

De plus, ce que je vais vous montrer aujourd’hui fonctionne aussi bien sur papier que sur ordinateur. Je me suis ainsi prêté au jeu en réalisant au crayon et sur papier, quatre volumétries simples qui mettent en pratiques tout ce que je vais vous expliquer ici. Vous n’avez plus aucune excuse pour ne pas exercer les bases sur papier ou support numérique.

L’ombre et la lumière : Quatre choses à savoir !

1-La première étape pour apporter du volume à un objet c’est de choisir la direction de la lumière, mais aussi le type d’éclairage.

-Le type de lumière détermine le type d’éclairage qu’on aura et donc l’ombre qui y est associé.
Par exemple, s’il s’agit d’une lumière directe, l’ombre sera franche. Au contraire avec une lumière indirecte, l’ombre sera plus diffuse et donc plus floue.
Voici des exemples, qui illustrent bien les trois types d’éclairages qui existent et leurs influences sur une sphère :

Lumière directe, type spot lumineux avec un éclairage très fort et rapproché.

On remarque sur cette image que l’ombre projetée au sol possède des contours bien définis. Une ligne franche marque elle aussi la limite entre l’ombre de l’objet et la partie éclairée de la sphère.

Lumière qui vient d’un point lumineux. Cet éclairage est appelé omnidirectionnelle, car à partir d’un point précis, elle envoie ses rayons lumineux dans toutes les directions et de façon égale. (Comme une bougie ou une ampoule)
La particularité de ce type d’éclairage est d’offrir une ombre diffuse sur l’objet que vous allezdessiner. On remarque sur cette image que l’ombre portée proche de l’objet est nette et que plus on s’éloigne du point lumineux plus l’ombre est diffuse.

Remarques importantes:
Vous pouvez observer très clairement sur l’exemple nº 2 que l’ombre perd en netteté en s’éloignant de la source de lumière. Ce phénomène est régi par une loi mathématique appelée «la loi en carré inverse » qui explique que l’intensité de l’éclairement diminue selon le carré de la distance entre la source de lumière et le sujet. En d’autres termes, l’intensité lumineuse est inversement proportionnelle au carré de la distance.
Pas de panique si vous n’avez rien compris. Voici un lien qui explique très simplement ce phénomène : http://www.comment-apprendre-la-photo.fr/loi-carre-inverse-distance

Mais dans notre cas, retenez surtout que plus la source lumineuse sera puissante, plus l’ombre des objets à proximité sera nette. Mais en éloignant ces mêmes objets de la source lumineuse, leurs ombres finiront par devenir diffuses. Au même titre qu’une lumière de faible intensité offrira naturellement une ombre diffuse.

Lumière indirecte.

Dans ce cas de figure, l’objet n’est pas éclairé directement, mais indirectement. Ici, en éclairant le mur  avec suffisamment de puissance, il devient lui-même une source lumineuse pour l’ensemble de la pièce.
Vous remarquerez que sur l’image, l’ombre portée ainsi que l’ombre de l’objet sont particulièrement diffusées et peu marquées. Retenez donc que lumière indirecte = ombre diffuse.

Voici un second exemple de lumière indirect où vous voyez très bien l’influence de la surface éclairée sur la sphère. La lumière du soleil n’arrive pas directement sur l’objet, mais  bien au sol. Et c’est celui-ci qui va éclairer indirectement la sphère. 
On parlera de réflexion lumineuse, car le sol éclairé renvoie une partie des rayons lumineux.

Ces quatre images nous montrent bien l’importance du type d’éclairage pour le dessin des ombres et des lumières.

– La direction de la lumière est tout aussi importante, car elle déterminera le positionnement de l’ombre sur l’objet. C’est cette ombre qui donnera systématiquement une impression de volume. En fonction de la direction lumineuse, l’objet ne réagira pas de la même manière.

Remarque :
Quel type d’éclairage possédons-nous en extérieur et comment fonctionne la lumière du soleil ?
La réponse est assez simple : il s’agit d’un mixte entre l’éclairage numéro 1 et l’éclairage numéro 2

Le soleil réagit exactement comme l’ampoule de votre salon (une ampoule gigantesque). C’est une lumière omnidirectionnelle : ce qui signifie qu’elle éclaire dans toutes les directions à partir d’un « point » lumineux.  Mais compte tenu de sa dimension et de sa distance avec la terre, ses rayons lumineux nous parviennent comme étant quasiment parallèles. C’est comme si vous mettiez un énorme spot lumineux au dessus de vos têtes avec une lumière unidirectionnelle (un seul sens).
Retenez donc que :
-À l’échelle du soleil, c’est un éclairage omnidirectionnel.
-À l’échelle de la terre, c’est comme un spot extrêmement puissant.

Cela a pour effet de créer des ombres franches, dont les bords apparaîtront diffus quand on y ajoutera de la distance.
Ceci est valable quand il fait beau (car la lumière est forte), mais vous remarquerez qu’en cas de mauvais temps (quand il fait gris), les ombres deviennent là encore diffuses. Et c’est la même chose qui se produit, quand le soleil se couche. La lumière du soleil perd de son intensité et les ombres aussi.

2-La seconde étape consiste à positionner l’ombre sur le volume. Pour cela vous devez savoir qu’il existe deux types d’ombres : l’ombre portée  et l’ombre de forme.

–Pour déterminer la forme d’une ombre, il faut dans un premier temps trouver le « terminator »
Celui-ci marque le commencement de l’ombre de forme sur l’objet lui-même. Il est visible essentiellement sur les objets à formes courbes.  Pour le placer, il faut trouver la limite entre la zone éclairée de l’objet et la partie ombragée.

Remarque :
Le terminator est particulièrement visible quand la lumière est directe et intense. En revanche, si l’éclairage est diffus, le terminator le sera aussi. Nous pouvons dire que le « terminator » est tangent à la courbe que vous allez dessiner, tout en étant dépendant de la direction de la lumière.

Une fois cela réalisé on peut aisément placer l’ombre de forme, c’est-à-dire toute la partie de l’objet qui se situe dans l’ombre.

– L’ombre portée.
Il s’agit de la projection de l’ombre sur un support. (Si vous n’avez pas de support et que votre objet est en lévitation, il n’y aura évidemment pas d’ombre portée). Cette projection est déterminée par la direction de la lumière, et la forme de l’objet.
Une ombre portée, ou aussi appelée ombre projetée, peut aussi se faire entre deux objets. L’objet le plus proche de  la source lumineuse peut faire de l’ombre au second objet qui devient lui-même support.
Réaliser en perspective des ombres projetées est un exercice à part entière que vous devriez, selon moi, effectuer régulièrement pour vous améliorer.

3– La dernière étape pour réussir à donner du volume à un dessin c’est la bonne application des valeurs.

Nous avons vue dans l’article sur les secrets du noir et blanc, comment fonctionnaient les valeurs. Pour rappel, un changement de forme = changement de valeur.

J’ai simplifié l’application de l’ombre et de la lumière sur une sphère pour vous montrer comment réagissent les valeurs sur celle-ci.

Je commence par sélectionner trois valeurs primaires qui vont nous servir de base pour réaliser notre dessin.
On a donc :
A- la highlight qui correspond au ton moyen soumis à la lumière la plus directe.
B- le ton moyen, ou la valeur locale de l’objet qui correspond à sa couleur réelle (sans modification de l’intensité lumineuse)
C- l’ombre de l’objet qui n’est modifié par aucune source lumineuse
On ajoute ensuite deux valeurs supplémentaires qui vont compléter les valeurs manquantes.
A1- La lumière moyenne qui se trouve entre A et B
B1- L’ombre moyenne qui sera utilisée pour la lumière réfléchie. Entre B et C

A est la valeur la plus claire, et C la plus foncée. Que ce soit sur papier ou sur ordinateur, l’ordre avec lequel vous placez les valeurs est important. Voici les étapes que je vous conseille de suivre :
– Comme montré dans la vidéo, on place en premier lieu la valeur locale sur l’ensemble de l’objet.  (Valeur B)
– On ajoute ensuite le terminator qui va séparer la partie ombragée de la partie éclairée pour pouvoir placer l’ombre de forme. (valeur C)
– On termine par la highlight qui apportera encore plus de volume au dessin. (Valeur A)

Voici un schéma qui vous montre plus précisément le comportement de la lumière sur une sphère.
Le terminator possède dans ce cas présent la valeur la plus sombre, et la highlight la valeur la plus lumineuse.

La réflexion lumineuse (lumière indirecte réfléchie par le support) apporte une lumière supplémentaire qui renforce l’impression de volume. La lumière peut être réfléchie par un sol éclairé, un mur vertical, ou simplement un autre objet.
Pour que la réflexion lumineuse soit prise en compte sur votre dessin, il faut que le support qui renvoie la lumière soit suffisamment proche pour renvoyer la lumière.

4-On termine avec l’occlusion ambiante qui fournit une dernière touche d’ombre dans les coins les plus sombres.

(Pour ceux qui ne connaissent pas le fonctionnement de l’occlusion ambiante, je vous invite à aller voir cet article : https://dciner.fr/coloriserunpersonnage/)

En cadeau, voici le brouillon récapitulatif que j’ai utilisé pour réaliser ce tutoriel. Si comme moi, parfois il vous arrive d’avoir des doutes sur « comment mettre en volumes vos dessins », alors jeter un coup d’œil à cette fiche pourrait bien vous aider.

Dites-moi dans les commentaires ci-dessous,  si ce tutoriel vous a été profitable et si vous preniez déjà tous ces éléments en compte dans vos créations personnelles?

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