Il n’est pas toujours évident de représenter une matière en dessin. Cela est d’autant plus difficile sur papier, car il faut bien choisir ses outils et connaitre à l’avance le comportement de la lumière sur celle-ci.
Pour développer cette compétence, rien de mieux que l’observation et la pratique. Mais sachez qu’il existe quatre questions fondamentales à vous poser avant de vous lancer dans le dessin d’une matière.
1- Couleur locale et valeur
La première question que vous devez vous poser est : quelle est la couleur locale de mon objet ?
Comme on l’avait vue dans l’article sur la couleur, déterminer la couleur locale signifie savoir quelle est la teinte (colorimétrique), mais aussi la valeur de la couleur.
Il s’agit en effet d’une seule et même couleur qui vous donne ces deux informations en même temps.
N’oubliez pas que la couleur locale d’une matière est engendrée par une lumière neutre, c’est-à-dire blanche. Si vous êtes face à une lumière colorée, essayez de changer légèrement la teinte pour vous approcher au maximum de la bonne couleur.
Dans le cas où vous dessinez en noir et blanc, vous devez savoir quelle est la valeur locale de votre matière. La valeur locale c’est le gris de l’objet qui sera dans la lumière, mais ça ne sera pas la valeur la plus lumineuse. (J’emploie parfois le terme « valeur moyenne », car c’est une valeur qui se trouve à mi-chemin entre la lumière et l’ombre)
2- Réflexion et brillance
La seconde question importante à se poser quand on souhaite dessiner une matière, c’est de savoir quel degré de réflexion et de brillance possède cette matière.
La réflexion, c’est le caractère réfléchissant d’une matière. Sa capacité à renvoyer les rayons lumineux qui le touchent.
La brillance, c’est la capacité d’une matière à refléter la source lumineuse même. Cela se manifeste par l’apparition d’une highligh sur celle-ci. (Comme « des petits points » lumineux, qui indique le reflet de la lumière sur une surface éclairée,)
A-Echelle de Réflexion :
Je parle d’échelle, car il existe effectivement deux extrêmes quand on parle de réflectivité de matériaux.
Sur ce schéma, 0 correspond à 0% de réflexion. C’est par définition ce qu’on appelle un objet mat.
Et 100, correspond à 100% de réflectivité. C’est l’effet miroir d’une matière, c’est-à-dire qu’elle reflète tout ce qui l’entoure.
Grâce à cette échelle, il vous suffit maintenant d’observer les matières qui vous entourent pour trouver au jugé le pourcentage de réflexion qu’elles possèdent.
Quels pourcentages de réflexion donneriez-vous à ces 3 sphères ? Dites-le-moi dans les commentaires tout en bas de l’article.
B- Brillance et fonctionnement:
La direction de la lumière et la brillance sont intimement liées. Admettons qu’on ait une sphère dans une pièce carrée et que celle-ci est éclairée par un spot lumineux. Si on définit l’objet comme très brillant, la lumière du spot lumineux va se refléter sur cet objet et créer un point lumineux qui aura la même forme que le spot lui-même.
Si ce Spot est rond, le reflet sera arrondi et si le spot est carré le reflet sera carré. La brillance correspond donc au reflet direct de la source lumineuse.
Si maintenant on remplace le spot par une fenêtre, c’est la forme de la fenêtre qui se reflètera sur l’objet.
Vous avez compris le principe.
Notez aussi que le reflet de la source lumineuse n’est pas toujours parfaitement placé à l’endroit ou arrive la lumière sur l’objet.
Cela dépend en effet de l’endroit où on observe l’objet. Si on bouge même un centimètre vers la droite, la highlight changera aussitôt de position. Son positionnement dépend en effet du positionnement de notre œil par rapport au reflet lumineux.
Mathématiquement, son positionnement est complexe, car il prend en compte la forme de l’objet, le placement de l’observateur et l’angle d’incidence du rayon de lumière.
Vous imaginez bien que pour nous artiste, il n’est pas évident de savoir exactement ou placer cette lumière à chaque fois.
De toute manière, ce n’est pas la chose la plus importante à retenir quand on dessine une matière, mais retenez et comprenez au moins le fonctionnement de ces deux principes – Brillance et Réflexion.
Ensuite faite en fonction de votre bon sens et surtout observez pour mémoriser.
Remarque : La brillance peut aussi se manifester dans les creux. Notez aussi qu’il peut y avoir plusieurs points de brillance sur un même objet. C’est la forme de l’objet qui déterminera son positionnement.
De plus, la forme des objets aura une influence sur la manière donc les réflexions vont se faire. Sur un objet courbe notamment, on peut distinguer une différence entre les objets concaves et les objets convexes.
Les formes concaves auront tendance à élargir les reflets alors que les formes convexes comme les sphères auront tendances à les compresser.
3- texture et volume
Une fois que vous avez traité les deux premières questions, vous avez déjà fait 80% du boulot. Je dis cela, car certains matériaux n’ont pas de texture particulière ce qui fait que vous pouvez déjà dessiner ceux-là sans aucun problème.
Je pense au métal notamment, au plastique qui possède généralement une matière uniforme…
D’autres matériaux comme le bois par exemple possèdent une texture propre qu’il faudra respecter pour que le dessin de cette matière soit pertinent.
Je pense aussi à la fibre de carbone qui possède elle aussi une texture particulière.
-Dans d’autres cas, il faudra aussi associer l’aspect volumétrique de la matière. Si vous prenez par exemple un parquet ciré et lustré, vous aurez une finition lisse et plane.
Si au contraire vous prenez l’exemple d’un parquet délabré dans une maison abandonnée, il y a de fortes chances pour que les planches soient abimées et qu’en plus, on voit le fil du bois creusé et altéré par le temps.
Un mur de brique par exemple aura aussi un jeu de volume qu’il faudra représenter en dessin pour donner une impression de matière et d’épaisseur.
On ne parlera plus dans ces cas là de matière lisse et plane, mais plutôt d’une surface bosselée et rugueuse. À ce moment-là, il faudra représenter la volumétrie pour créer un effet de matière.
Il faudra donc prendre en compte tout ce qu’on a déjà vu sur le dessin de l’ombre et de la lumière, mais aussi sur le dessin des valeurs.
https://dciner.fr/ombres-lumieres/
https://dciner.fr/secrets-dessin-noir-blanc/
4-Transparence et translucidité
A-Transparence : Qui laisse passer les rayons lumineux et permet de distinguer les contours ou les couleurs des objets.
Le dessin du verre par exemple est assez compliqué, car il prend en compte beaucoup de facteurs comme la réflexion et la réfraction du matériau, l’environnement dans lequel se trouve l’objet.
Quand vous dessinez des matériaux transparents comme une vitre, un verre sur une table… l’objectif, ça va être de dessiner ce qu’il y a derrière, puis de placer correctement les réflexions lumineuses. C’est une façon assez sommaire de représenter le verre, mais cela peut assez bien fonctionner.
Remarque : Ne confondez pas la réflexion et la réfraction. La réfraction lumineuse a souvent pour effet de déformer ce qu’on voit derrière l’objet. Quand vous mettez de l’eau dans un récipient en verre et que vous regardez à travers, le décor qui se trouve en arrière-plan subit généralement une déformation.
B-Translucide : Qui laisse passer les rayons lumineux et ne permet pas de distinguer les contours et les couleurs des objets.
Les matériaux translucides ont pour effet de rendre la couleur de la surface plus saturée. La translucidité prend aussi en compte la couleur même de l’objet.
Si l’objet est vert et translucide (les feuilles d’une plante par exemple), c’est le pigment ou les molécules contenues à l’intérieur qui vont colorer la matière.
Pour reprendre l’exemple des feuilles, c’est la chlorophylle contenue à l’intérieur qui va créer cet effet translucide, et saturé.
Pour se rendre compte de la translucidité d’un matériau, il faut que la source lumineuse soit à l’arrière de l’objet que vous regardez.
Si la lumière arrive de face, la matière aura généralement un comportement différent. (Regardez bien la différence de couleur quand la lumière passe à travers une feuille et quand elle ne passe pas.)
Maintenant que vous connaissez cet ensemble de théorie, comment allez-vous pouvoir améliorer le dessin de vos matières ?
-Premièrement, vous devez observer autour de vous, et regarder comment réagissent les matières qui vous entourent. Observez chaque matière et soumettez-les aux questions que nous nous sommes posé plus haut.
-Quelle est sa valeur locale de cette matière ?
-Reflète elle beaucoup ou très peu ?
-Possède-elle une texture, si oui avec du volume ?
-Peut-on voir à travers ?
Comprendre c’est dessiner en pleine conscience et se donner l’opportunité de corriger les erreurs. C’est ainsi qu’on s’améliore. Ne dessinez plus avec la tête dans les nuages, mais faites-le consciemment.
Ensuite, utilisez des références. À moins d’êtres à l’aise avec le dessin d’une matière, privilégiez l’utilisation de référence photo pour augmenter vos chances de réussite.
Et enfin, pour achever votre apprentissage, il ne vous reste plus qu’une chose à faire, c’est de pratiquer et de dessiner.
Passez à l’action si vous voulez plus de résultat. Pas demain, pas dans 3 jours, maintenant !
9 comments
MERCI
De rien Sam 😉
Votre cours était très intéressant. Continuez comme ça !!
merci beaucoup à vous
Merci beaucoup Greg c’est très intéressant d’autant que personnellement je ne procède pas ainsi … disons que je procède par inversion des couleurs en utilisant les contraires ou les complémentaires j’ai constaté que l’on tirait mieux les couleurs claires sur une base noire pour un portrait et avoir une texture de peau lumineuse ma base est noire autre ex si ma montagne est bleu je prendrais le orange comme base foncé si je veux ma montagne lumineuse et clair si ma montagne est foncée.
j’avais entendu parlé de la technique nuances de gris et noir mais je me suis toujours posée la question pour poser la couleur : vous attendez que la base est sèche ou vous travaillez dans le mouillé ? personnellement j’aurais peur de salir ma couleur…. il est vrai aussi que je ne travaille pas à l’huile où j’imagine bien que les techniques sont différentes mais cette technique de gris en dégradé ne s’applique peut être pas pour l’acrylique.
Merci pour votre réponse.
ps : j’ai entré 2 fois mon nom et courriel pour obtenir votre exemplaire gratuit pour améliorer vos perspectives et excusez moi je ne l ai toujours pas reçu et j’avoue ne pas savoir comment le lien doit fonctionner lorsque l’on clic recevoir maintenant : rien n’arrive dans ma boite mail.
Merci encore pour votre patience.
Catherine
Merci Catherine.
Pour la peinture numérique, on peu assez facilement passer d’un dessin en noir et blanc à un dessin en couleur. De ce fait, la vérification des valeurs est assez simple à réaliser.
Ainsi en peinture traditionnelle, ces techniques ne fonctionnent que partiellement.
Quand je fais du traditionnelle, j’avoue utiliser plus la technique que vous citez (l’utilisation des complémentaires avec un contraste clair obscure entre l’ombre et la lumière).
J’évite l’utilisation du noir qui comme vous le dites « salit la couleur » et ternit complètement l’ensemble. Pour l’huile, je ne suis pas très calé sur le sujet alors je ne pourrais vous dire.
Pour l’exemplaire gratuit du livret, n’hésitez pas à m’envoyer un email directement si le problème persiste : greg@dciner.fr
Merci encore pour votre message.
tellement je pris Dieu pour qu’il Tr bénisse
continue comme ça, avec mon savoir fait tout ira très bien
10% 60% 90% ?
Line, vous avez l’œil. Excellent!